INTEGRATION SCOLAIRE

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Intégration scolaire et résistance au changement :

comprendre pour mieux intervenir.

texte mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur: Catherine Dayer

SITE DE C Dayer : http://tecfa.unige.ch/etu/E72b/97/Dayer/home%20page1.htm

 

 

L’intégration d’élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage dans un contexte scolaire ordinaire implique des changements dans la pratique quotidienne des enseignants, en vue de l’adapter aux besoins des élèves qui leur sont confiés. Ces changements engendrent des résistances. Cet article propose d’expliquer les causes de la résistance au changement, les manifestations concrètes, et de comprendre les réactions des enseignants pour planifier une intervention.

 

Alors que dans la pratique quotidienne, tout va pour le mieux, la demande d’intégration d’un élève en difficulté vient tout à coup rompre cette harmonie. Pour que l’enseignant accepte un changement avec le moins de résistance possible, il faut que celui-ci dérange le moins possible l’équilibre de la classe. L’intégration ne remplit pas cette condition, il en résulte donc des manifestations de résistance. Elles se doivent d’être perçues comme des réactions intelligentes, professionnelles et légitimes, puisque elles sont un phénomène normal à l’égard du changement.

 

La théorie des attentes de Hackman et Oldham stipule que les individus seront motivés à fournir des efforts pour atteindre des résultats s’ils perçoivent la probabilité de réussir et d’obtenir une récompense associée à la réussite.

 

Plusieurs causes particulières expliquent les résistances face aux changements provoqués par l’intégration. Dolan et Lamoureux ont classifié les causes de la résistance au changement en quatre catégories :

 

Enseignantes et enseignants émettent des doutes sur les ressources à disposition pour mener à terme le projet, ils ne possèdent pas les éléments essentiels à la compréhension des buts et objectifs de l’intégration ou ils ne perçoivent pas leur avantage à prendre part activement à un tel projet. Ce sont les causes logiques et rationnelles.

Dans le contexte de la classe, les enseignants craignent une perte de statut ou d’influence, ils soulèvent le risque d’incompatibilité avec la culture, les normes ou les règles établies. Ce sont les causes sociologiques.

Le changement peut intervenir dans un climat de méfiance où les différents agents ne sont pas convaincus du bien fondé du projet car il est mal introduit ou car ils sentent un but sous-jacent non explicité qui met en péril leur sentiment de liberté. On parle des causes structurelles et conjoncturelles.

L’individu confronté au changement peut ressentir un forte anxiété face à l’inconnu, il est remis en doute face à ses propres capacités et son sentiment de compétence en est diminué. Ce sont les causes psychologiques et émotionnelles.

Les résistances au changement ne sont pas visibles uniquement par un refus ou de l’hostilité, mais elles s’observent dans des comportements plus subtils et plus pernicieux. Toute démarche créant un climat de travail difficile et laborieux peut être interprétée comme trace de résistance au changement.

La résistance au changement est un phénomène normal de protection face à l’inconnu, une preuve d’esprit critique et d’intelligence. Il est donc important de ne pas ignorer ce type de comportement, d’éviter d’entrer en guerre ouverte contre les opposants, et de mettre en œuvre tout ce qui est possible pour canaliser cette énergie et la rendre constructive. La participation des personnes touchées par le changement constitue un élément fondamental à son acceptation. Voici quelques pistes qui permettent de les mobiliser et contribuent à faire diminuer les différents types de résistance au changement :

1. Etablir un climat et une culture favorables à l’intégration scolaire, en encourageant l’implication des enseignants, en organisant des séminaires d’information et de sensibilisation, en apportant une compatibilité de la culture du milieu et de la culture de l’intégration, en y discutant les valeurs véhiculées par l’intégration.

2. Informer clairement les gens (de façon continue) concernés par l’intégration quant aux objectifs, aux priorités, aux plans d’intervention, aux limites et aux difficultés, afin de réduire la part d’inconnu qui engendre des résistances au changement.

3. Laisser exprimer les résistances sans les critiquer, en indiquant que ce phénomène est normal, en vue d’établir une plus grande transparence entre les différents partis.

4. Etudier les résistances exprimées et les inclure dans le projet de changement pour favoriser l’établissement des relations de confiance et réaliser un projet d’intégration tenant compte des réalités professionnelles.

5. Fournir les ressources et le support pour faire face au changement en proposant une formation continue et pratique, axée sur les besoins des élèves et des enseignants.

6. Trouver des appuis crédibles, en commençant l’intégration à petite échelle, avec des projets pilotes qui prouvent sa faisabilité, avant de l’étendre sur la totalité de l’établissement scolaire.

 

Tenir compte des résistances objectives et les faire figurer dans le projet d’intégration permet une certaine prudence quant à la mise en place de certaines modalités d’intégration. Elle implique le personnel concerné dans le projet, diminue les résistances et assure le pas vers une meilleure qualité de l’intégration.

 

Mars 1998

 

Sources

Lise Corriveau et Jean-Louis Toussignant (1996). Intégration scolaire et résistance au changement : comprendre pour mieux intervenir. Revue francophone de la déficience intellectuelle, volume (n.7)

 

 

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