Jean-Marc LESAiN-DELABARRE Directeur d'études, CNEFEI
Cadres
juridiques des relations avec les représentants des
familles
Au delà des problèmes posés par la
communication avec chacune des familles, doivent être
analysés, dans une perspective réellement
institutionnelle, les liens établis avec les
représentants des familles. Il s'avère alors
particulièrement utile de rappeler les modalités de
mise en œuvre des dispositions adoptées également par
voie de décret le 31 décembre 1991 (décret 91
1415), stipulant une participation institutionnalisée des
familles et des enfants ou adolescents à divers aspects de
la vie des établissements socio ou médico
éducatifs.
Le conseil d'établissement, instauré
par le décret précité, doit en effet
être mis en place dans tous les établissements sociaux
et médico sociaux, publics ou privés, mentionnés
à l'article 3 de la loi 75 535 du 30 juin 1975, relative aux
institutions sociales et médico-sociales.
Le conseil d'établissement, comprenant au moins neuf
et au plus dix-sept
Ce conseil a un rôle consultatif, et se prononce
notamment sur le règlement intérieur de fonctionnement
de l'établissement, sur l'organisation de la vie quotidienne,
sur les activités pédagogiques et thérapeutiques
conduites, sur l'ensemble des projets et des travaux
d'équipement, sur l'affectation des locaux collectifs, le cas
échéant sur le prix des services rendus, et sur la
fermeture totale ou partielle de l'établissement (ces derniers
objets ont en fait un sens surtout lorsqu'il s'agit
d'établissements pour adultes et pour personnes
âgées). Point très important : le conseil doit
être informé des suites données aux avis et
propositions qu'il a pu émettre. L'âge minimum pour le
collège des usagers est de douze ans, et la parenté
s'étend le cas échéant jusqu'au quatrième
degré. Bien entendu, le représentant légal d'un
majeur ou d'un mineur peut être éligible, Enfin, le
directeur de l'établissement, ou
le représentant qu'il désigne, participe
aux réunions avec une voix consultative.
Tant au plan de sa composition qu'à celui des objets
légitimes sur lesquels il a à statuer, le conseil
d'établissement présente toutes les qualités
formelles requises pour introduire une forme de participation des
familles à la vie institutionnelle, et pour donner à la
communication entre les familles, les enfants ou adolescents, les
personnels et l'ensemble de la direction de l’établissement,
de réelles perspectives qui vont au delà du seul bon
vouloir, de la condescendance, de l'opposition mutuelle, de la trop
grande personnalisation des
liens.
L'existence d'un cadre législatif n'est toutefois pas
une garantie de la qualité et de la pertinence des
échanges : aussi bien la composition du conseil
d'établissement, que la nature des questions examinées,
peuvent conduire d'une façon ou d'une autre à «
délocuter » de fait l'un ou l'autre des tiers : par
exemple, un conseil qui comprendrait un maximum de
représentants des familles et aucun représentant des
usagers, ou a contrario aucun représentant des familles
et un maximum de représentants des enfants ou adolescents
accueillis, resterait dans le cadre des dispositions légales
relatives à sa composition. Les effets induits ne seraient
évidemment pas les mêmes, en termes de poids
accordé à la parole et aux attentes des uns et des
autres.
Familles
en difficulté, familles défavorisées, familles
précarisées quels sens pour ces désignations
?
Travailler
auprès des familles : les pièges de l'amalgame et les
possibles dérives
Dans bien des cas, les familles en très grande
difficulté s'avèrent absentes des dispositifs
formalisés de communication dont nous avons rappelé la
nature dans le champ médico-éducatif. Il convient de
s'arrêter quelque temps sur cet état de fait, et de
s'interroger sur les significations que revêtent tant l'absence
que la présence polémique de ces familles, dont les
particularités sont délicates à
cerner.
Il est Particulièrement malaisé de proposer une
définition à la fois suffisante et non-stigmatisante de
la population cible à laquelle on songe, lorsqu'on emploie les
locutions « familles en difficulté », «
familles précarisées », « personnes
marginalisées », « quart-monde », «
familles à problèmes », « familles en
souffrance », etc.
Prenons le cas des familles d'enfants « en difficulté
» dans le système scolaire, au point d'avoir fait l'objet
d'une proposition d'orientation vers des classes ou
établissements spécialisés : dans bien des cas,
la famille elle même sera perçue (certes souvent
à juste titre) comme étant « en difficulté
».
Le travail à faire avec l'enfant va vite apparaître
d'autant plus pertinent qu'il s'accompagnera d'un travail
éducatif « de la famille », ou « avec la
famille », qu'on cherchera à restaurer dans ses
compétences. Mais le travail avec la famille peut, si l'on n'y
prend garde, se muer, d'une façon plus ou moins sauvage (c'est
à dire non instrumentée, non contrôlée, et
surtout sans l'accord des intéressés), en un travail
sur la famille. De même, les difficultés que rencontrent
les professionnels à travailler avec certains enfants et leur
famille peuvent vite se transformer en difficultés des enfants
et de leurs familles. Ne serait-il pas plus juste de dire, comme le
propose J. R. Loubat : « La famille veut quelque chose que je ne
peux pas faire... et cela ME pose problème. »; «
cela me pose problème parce que je ne sais pas comment LUI
dire et QUOI lui proposer... » (13).
Pourquoi les communications avec ces familles
s'avèrent-elles si délicates
?
Se départir de son omnipotence ou de son expertise pose
toujours problème : les institutions
médic-éducatives, soci-éducatives, les
personnels des classes et établissements
spécialisés, ne conçoivent pas toujours à
quel point l'établissement est porteur d'ambivalence :
il constitue certes un espoir et un recours pour les familles
confrontées aux situations d'échec que rencontrent
leurs enfants au regard notamment de la scolarité, mais
il renvoie en même temps les parents à leur propre
échec, ou au drame qu'accompagne la présence d'un
enfant handicapé... L'établissement
spécialisé par exemple s'institue en même temps
comme aide et comme rival de la famille. D'une certaine façon,
il peut renvoyer en permanence les parents à leur
incompétence technique, et bientôt à quelque
incompétence de principe. Enfin les solutions qu'il
préconise ou les aides qu'il apporte sont
nécessairement partielles, et parfois bien modestes au
regard de l'ampleur et de la variété des
problèmes que les familles rencontrent.
Selon les intentions et les filtres culturels de professionnels
dans leurs rapports avec les parents des enfants en grande
difficulté ou handicapés, un bon nombre de connotations
seront véhiculées par les mots, jusqu'à
mettre en cause les visées fussent-elles les
meilleures.
Quelques
réflexions sur les populations
défavorisées
Qu'entend-on au juste par population
défavorisée? En l'occurrence, il s'agira ici de parier
d'un certain point de vue des parents et de l'entourage social de bon
nombre des enfants et adolescents fréquentant les classes ou
sections d'enseignement spécialisé ou adapté,
constitué de personnes qui à la fois vivent une
situation de fragilité économique et le plus
souvent un jugement d'exclusion (moral, social, raciste,
lié à tel ou tel comportement hors des normes, ou
lié à une relation privilégiée à
tel ou tel parfois plusieurs produit
toxique).
La notion de population défavorisée est
d'ailleurs très fluctuante : on peut par exemple aujourd'hui
se retrouver dans une situation défavorisée compte tenu
du fait qu'avec les médecines antivirales on vit plus
longtemps qu'avant, mais avec des handicaps croissants. Aujourd'hui
se retrouvent défavorisées, par ailleurs, des personnes
qui n'avaient pas « vocation » à le
devenir.
Au plan des représentations communes, notons que les
personnes défavorisées
sont souvent des gens (car peut on affirmer qu'on les
considère toujours, de fait, dans les rapports qu'on
entretient avec eux, comme de réelles personnes, au sens
accompli de la notion ?~ dont on pense, à tort, qu'ils ont
une relation de distance par rapport au savoir, par rapport au
pouvoir, et par rapport à la capacité d'expression et
de réaction sur ce qu'ils
vivent.
Dans le même ordre d'idées, les personnes
défavorisées sont plus ou moins perçues sur le
mode de l'immaturité : un peu comme, il y a quelques
années encore, lors des débats politico-médicaux
sur I'IVG, on pouvait avoir tendance à parler de la femme
comme d'un être immature, pas suffisamment consciente,
humainement parlant, des conséquences de sa
décision ou du sens de sa demande. Le médecin, à
l'époque, était censé pouvoir décider en
lieu et place de l'intéressée.
La
question de la maturité et le malentendu entre familles
d'enfants handicapés et institutions
Certaines familles d'enfants handicapés, qu'on ne saurait
bien entendu confondre de quelque façon avec les
familles défavorisées dont nous venons de parier
‑- ce serait sinon tomber dans les travers d'un amalgame
totalement contestable - ont parfois à vivre des projections
de la part des professionnels, qui renvoient aussi à cette
perception dominante sur le mode de l'immaturité.
Quelle est en effet la nature des reproches réciproques des
parents et des professionnels, qui entravent les démarches de
communication? Les parents sont parfois supposés se sentir
trop culpabilisés pour nourrir quelque relation de confiance
avec les équipes, qu'ils aient ou non fait le deuil de
l'enfant rêvé et fantasmé, leurs demandes sont
souvent jugées irréalistes, et ils peuvent être
vécus soit comme revendicatifs, soit comme
démissionnaires, surprotecteurs ou détachés,
etc.
D'un autre côté, en miroir, les personnels des
institutions spécialisées sont souvent suspectés
de manquer de considération envers les parents, qu'ils
supposent inaptes à comprendre la nature des
incapacités de leur enfant. Au plan formel, le manque
d'authenticité et de chaleur vis -à -vis de l'enfant et
d'eu-mêmes conduisent souvent les parents à stigmatiser
certaines institutions comme des bureaucraties froides et
implacables...
Sur le plan des contenus, aussi bien un certain laxisme des
emplois du temps, l'absence de programme d'enseignement, voire
l'absence d'objectifs précis dans les projets
envisagés, tout comme le manque de conseils concrets relatifs
à ce qu'il est possible de faire pour aider à
l'installation des divers apprentissages... peuvent conduire les
parents à se sentir démissionnés, ou à
considérer l'institution comme
démissionnaire.
Le problème général quant à la
communication, véritablement spécifique, avec les
familles défavorisées et quant à l'action
à mener avec ces dernières porte en fin de compte sur
les conceptions que l'on se forge de la maturité.
Qu'est-ce qu'il convient en effet de privilégier, dans la
relation d'échange avec les familles ? Est-ce le savoir
légitime de l'institution, qui cautionne son pouvoir? Est-ce
principalement la mise dans une chaîne cohérente des
informations intellectuelles ? Ou bien plutôt ne doit-on pas
miser sur l'existence d'autres types de savoirs que les savoirs
scolaires, techniques ou institutionnels, qui participent d'un autre
type de communication peut être plus sensible,
émotionnelle, et d'un autre type de partage ? La participation
aux projets et aux valeurs de l'institution scolaire est-elle
recevable dans sa prétention à s'ériger comme
l'aune des valeurs d'usage et des valeurs d'échange? Peut- on
et doit-on laisser la canonique scolaire s'instituer comme seul
modèle recevable de l'accès aux savoirs et aux valeurs,
ou bien admet on que les familles, fussentelles en difficulté,
expriment d'autres
préoccupations ? Avant
que de répondre à ces questions quelque peu corrosives,
il convient de faire un détour préalable par une rapide
analyse de la communication notamment à l'école comme
projet d'emprise.
Les projets de
maîtrise et l'horreur de la marge
Communication
et projet de maîtrise
Les catégories de l'exclusion sont liées à
des repères qui se révèlent extrêmement
fonctionnels dans notre société, la prise de pouvoir
apparaissant souvent comme prévalente par rapport à
toute autre forme d'échanges. Communiquer avec les populations
dites défavorisées, en difficulté, etc.
apparaît comme un projet audacieux et équivoque : la
communication est effectivement un instrument familier d'une caste de
cadres, de technocrates, de spécialistes, un instrument
indispensable au service de politiques (14). La communication, comme
problème, demeure souvent en fait aux antipodes des
préoccupations des populations défavorisées
elles-mêmes.
De façon générale, pour les personnes
qui connaissent des difficultés sociales importantes (15), la
communication est un problème très secondaire, bien
loin de nombreuses autres urgences : se loger, subsister, habiller
les enfants, les nourrir, et les faire participer peu ou prou
à la consommation des biens et des valeurs qui s'imposent ne
serait-ce que par les
médias.
Le projet de communiquer est également audacieux,
dans la mesure où communiquer suppose un certain savoir et des
techniques dont ne sont en général pas
détenteurs ceux qui sont considérés, par les
acteurs des institutions sociales notamment, comme
défavorisés.
Qu'est-ce en effet que communiquer? C'est transmettre et
diffuser des informations destinées certes à
renseigner, mais surtout à influencer autrui. Pour un
ethnologue comme Lévi-Straus, l'aspect influence domine : il
ne manque pas d'insister sur le rôle particulier de
J'écrit, comme moyen de communication offrant le plus de
liberté au sujet, mais comme moyen incontestable de
pouvoir.
La fonction première de la communication
écrite (Claude Lévi Straus, Tristes Tropiques.
‑- Paris : Plon, 1955.-partie 7, chapitre XXVIII) est de
faciliter l'investissement; L'emploi de l'écriture à
des fins désintéressées en vue de tirer des
satisfactions intellectuelles et esthétiques est un
résultat secondaire. Parfois même l'écriture tend
à se réduire à « un moyen pour renforcer,
justifier ou dissimuler l'autre ». Doit on alors s'en
révolter, le mettre au rebut, et penser qu'il ne signifie rien
? Le faire, comme l'exprime Lévi Straus, serait nier
l'élément fondamental de la vie
sociale.
Dans une telle problématique, la communication avec
les personnes défavorisées renvoie à un projet
de pouvoir, cautionné par un savoir, par des enjeux de classe
ou de caste, dans une structure de positions sociales
inégalitaires.
L'horreur de la
marge
Comment, dans le cadre éducatif, utiliser les
techniques et démarches de communication par rapport à
un groupe minoritaire au regard des pouvoirs, quand on est
soi-même, comme enseignant ou éducateur d'origine,
membre d'un groupe majoritaire ? Le risque est grand d'être
très à distance des réelles
préoccupations de ceux qui, pour une raison ou pour une autre,
peuvent se vivre comme « exclus
».
Cette question de l'exclusion, de la marge, on peut à
bon droit la considérer comme coexistante de
l'émergence du social en tant que préoccupation :
comment donner un statut à l'étranger qui se tient aux
portes de la Cité? Les Sumériens avaient, d'une
façon radicale, résolu le problème : tout ce qui
est dans la Cité mérite d'être
protégé; pour le reste, hors la Cité, dans les
lieux du ban (ancêtre de nos banlieues), peuvent exister
l'horreur (la violation des valeurs de la cité) et la barbarie
(le parier d'un langage dont la forme, le lexique, les intonations...
renvoient celui qui le pratique à la
"nonculture".
Il n'est pas de société qui ne puisse prendre
en considération la question de ses marges : comme un texte ne
se passe pas de marges, une société se reconnaît
à ses marges. Sur ce plan, la marge n'est pas l'abomination,
mais l'envers, en quelque sorte, de la
norme.
Qu'est-ce qui, en dernière instance, peut produire en
nous l'horreur de la marge ? Pour le psychanalyste Jacques Hassoun,
l'horreur de la marge est l'horreur de ce qui en nous est exclu, ce
qui en nous est dans l'horreur et l'insupportable, à tel point
que nous le rejetons sur
l'autre.
Qu'est-ce qui, en nous, nous porte à rejeter l'autre,
jusqu'à lui ôter toute dimension d'identité et de
proximité?
Quand les sociétés et les institutions comme
par exemple l'institution scolaire ‑ sont prises dans les jeux
des forces de déliaison - et la déliaison est
déchaînement de la pulsion de mort ceux qui sont dans
les marges deviennent des objets de répulsion : c'est, en
quelque sorte, une régression vers Sumer, que peuvent
connaître toutes les sociétés organisées
et
policées.
À l'heure actuelle, la destruction du politique,
c'est-à-dire la destruction de ce qui peut faire lien dans la
cité, ou encore le désenchantement par rapport au
politique... fait que d'un côté les discours citoyens
tendent à se payer de mots, si on les confronte à la
réalité du social, alors que, d'un autre
côté, les institutions qui prennent en charge les marges
risquent toujours d'être des isolats, des technostructures hors
du politique, ce qui est éminemment problématique pour
une démocratie.
Conclusion : vers une
communication non
totalitaire
Pour en revenir aux racines psychologiques et psychosociologiques
de la question de la communication avec les « laissés
pour compte », disons qu'il n'y a communication qu'à la
condition que l'Autre soit destinataire d'une question : qui suis-je
? C'est aux autres, aux personnes en grande difficulté et aux
exclus que nous posons la question « qui suis- je ? », car
c'est la façon dont nous les faisons vivre comme personnes qui
nous permet de nous reconnaître nous-mêmes comme
personnes, au-delà des fonctions que nous confie la
collectivité publique dans un cadre scolaire ou
éducatif.
Une communication qui se veut vérace, ni totalitaire ni
fusionnelle, suppose un certain nombre de préalables et
d'attitudes facilitatrices. Pour reprendre les principaux
éléments de conclusion d'un colloque tenu au
Sénat au début des années
quatre-vingt-dix
sur ces questions, nous retiendrons cinq impératifs
et quatre
questions.
D'abord, établir un contexte de non jugement, qui permet
notamment aux parents et aux enfants le cas échéant de
bien comprendre qu'ils sont investis en tant que personnes, avec
toute la dignité que recouvre cette notion.
Ensuite, se comporter plus comme
ethnologues, qui cherchent authentiquement à apprendre des
personnes rencontrées, que comme colonisateurs, qui enferment
d'emblée autrui dans les rapports de subordination et de
soumission au pouvoir. Chercher à
apprendre des interlocuteurs leurs propres échelles de
risques, leurs hiérarchies de valeurs, leurs priorités,
leurs urgences, même si ces dernières n'ont que peut de
rapport avec les valeurs et hiérarchies scolaires. En la
matière, le dialogue ne peut guère se nouer si les
protagonistes n ont pas une reconnaissance réciproque des
biens recherchés et de la logique des conduites
associées.
Ne pas faire d'une bonne communication l'alibi de l'inaction,
l'échange servant en dernière instance de garantie de
conformité des actions conduites dans le cadre
scolaire.
‑Enfin, construire des
stratégies d'espoir, dans le cadre desquelles prennent place
les préoccupations du champ scolaire parmi une
pluralité d'actions et de remédiations.
Ces impératifs admis, il est possible de préciser
quelques questions à poser, afin d'évaluer les
démarches effectivement mises en œuvre
:
L'ensemble de ces analyses se rejoignent en dernier lieu dans une
conclusion synthétique : communiquer pour inscrire
parents et enfants dans un projet d'action en tant que sujets
matures. Tel peut être, en fin de compte, le véritable
enjeu d'une communcation avec les familles, dans la perspective de
l'adaptation et de l'intégration scolaire et en lien direct
avec une réelle volontécitoyenne.
(1) Sections d'enseignements
général et professionnel
adaptés.
(2) Maisons d'enfants à
caractère
social.
(3) Instituts de
rééducation psychothérapique.
(4) Pour reprendre une formule de d'A.
Van Zanten, « Les familles face à l'école :
rapports institutionnels et relations sociales », in Durning
(P), ‑ Éducation familiale: un panorama des
recherches internationales. Vigneux : MIRE/Matrice, 1988, p.
194~
(5) J. F.
Halté
rappelait avec justesse que (4 par rapport à la pratique
éducative, la situation d'enseignement se caractérise
par une série de réductions : réduction de
l'ensemble des données sur le monde à des savoirs
garantis et répertoriés, réduction du diffus au
sérié, réduction des personnes à
l'élève et à l'enseignant, réduction des
personnalités à la faculté d'intellection,
réduction de l'affectivité aux rapports de pouvoir,
réduction des contextes généraux à un
environnement stéréotypé... toutes visent
à l'efficacité
(6) Instituts
médico éducatifs.
(7) D. Glasman,
« Parents ou familles : critique d'un vocabulaire
générique ». ‑ Revue
(8) Idem,
p. 2 1.
(9) Ibidem,
p. 22.
(10) Pour
mémoire, et dans l'ordre d'énonciation adopté,
il s'agit d'assurer la reconnaissance des
besoins des enfants et adolescents, de préciser le rôle
de la famille dans
(11) In «
Familles contre institutions éducatives ? De la
rivalité à la complémentarité
». CREAI
Rhône-Alpes/DRASS Rhône - Alpes. Parents et
professionnels. Une
rencontre nécessaire, difficile, souhaitée.
‑ Séminaire régional des 31 janvier et
ler
(12) Comme le notait J. F. Halte (op.
cit., p~ 13): « L'enseignant est un salarié,
pourvu d'un contrat délivré par une
institution issue de l'histoire générale et
engendrée par la sienne propre. À ce titre de
contractuel, il doit des comptes; son activité est
dûment réglementée, un code définit ses
droits et ses devoirs. il monnaie sa force de travail, comme tout un
chacun et selon la triste expression qui traduit crûment, en
fin de compte, un rapport social, il est là d'abord pour
gagner sa vie ». On peut bien sûr étendre ce
constat à l'ensemble des personnels exerçant dans
quelque institution que ce
soit.
(13) Op. cit, p. 7.
(14) Claude Lévi Straus, dans
Tristes Tropiques, partie 7, parle d'une logique d'asservissement,
qu'il ne manque pas de dénoncer de façon
radicale.
il 5) Toute désignation, qu'elle
soit commune ou qu'elle relève de la sociologie descriptive,
se révèle stigmatisante, voire insultante pour le
personnes concernées, que l'on parle des « nouveaux
pauvres » comme on le faisait au début des années,
80, des (i surnuméraires », pour reprendre l'expression
de Robert Castei (in Les métamorphoses de la question sociale.
Paris : Fayard, 1996), des « normaux inutiles », selon les
termes de jacques Donzelot («L'État animateur »,
Esprit, 1994), ou encore des « exclus », qui ne laissent
pas, de toutes les manières, d'être de fait inclus dans
notre société.
77
La nouvelle revue de l'AIS n' 3 3 trimestre 1998