INTEGRATION SCOLAIRE
site "intescol"
21/02/00
(merci à Thierry pour la mise en
page)
Bonjour à tous
Même dans notre paysage
français de très graves lacunes et retards dans les
mesures facilitant l'intégration et le cursus scolaire des
enfants souffrant de troubles importants dyslexiques ou dysphasiques,
il y a néanmoins dès maintenant certaines dispositions
légales très favorables pour les enfants. Mais elles
sont souvent méconnues, volontairement peu diffusées,
ou "appliquées" avec obstruction. Aussi, quand il y a quelque
part, au contraire, une réussite d'application d'une de ces
dispositions, il me paraît super-utile de le faire savoir :
effet d'information, effet de précédent. Par exemple :
un orthophoniste de notre réseau ambulatoire (et très
complémentaire pr les post-séjours...) nous a fait part
d'une expérience vécue d'application à Grenoble
de l'assistanat-secrétariat + tiers-temps à une
élève dyslexique-dysorthographique, à partir
d'une CDES qui a tout à fait reconnu le trouble, et
appliqué la loi. J'ai pensé que ça peut
éventuellement intéresser certains d'entre vous d'avoir
quelques détails à ce sujet. C'est pourquoi Claude (qui
n'est pas encore "webé") a amicalement accepté de
rédiger un compte-rendu diffusable .
Courrier de Philippe Roux sur la
liste " intégration scolaire "
Compte-rendu
QUAND UN ORTHOPHONISTE DEVIENT
SECRETAIRE ASSISTANT
Quand un orthophoniste devient
"secrétaire-assistant" pour une épreuve
anticipée de français au Baccalauréat, il prend
cette mission avec beaucoup de sérieux, quelques
hésitations pour la première fois… mais en étant
très fier de pouvoir enfin AIDER CONCRETEMENT un sujet
dyslexique à un moment terrible pour lui : L'EXAMEN !
C'est ainsi qu'en juin 1999,
mandaté par la CDES de l'Isère, j'ai pu "assister"
Mademoiselle A.M.F., 19 ans, dyslexique-dysorthographique
développementale, en classe de première… LITTERAIRE !.
J'ai vécu une expérience très
intéressante et enrichissante. Je vous livre ici quelques-unes
de mes observations.
En accord avec le chef
d'établissement, l'organisation au lycée, centre
d'examen, a été parfaite. Je n'étais pas
présent de 8h à 12 h, temps pendant lequel la candidate
a composé en salle commune avec ses camarades. A 12h une salle
nous a été attribuée et le tiers temps (1H20) a
été utilisé à la prise du texte, sous la
dictée de Mlle A.M.F.
En 10 mn, j'ai rappelé à
la candidate qu'elle devait m'indiquer les paragraphes, les retours
à la ligne, les points et les virgules. En aucun cas je
n'interviendrais sur ses idées. "Si je ne comprends pas un
mot, je le lui dirai" (A.M.F. ayant une dyslexie phonologique fait
souvent des erreurs dans les mots longs et complexes).
Sachant au départ que son texte
comprenait 3 parties et une conclusion, nous avons partagé le
temps et je lui indiquais le temps écoulé après
chaque partie (le dyslexique ayant très souvent des
problèmes de gestion du temps). La relecture était
inutile puisque le "secrétaire assistant" était
là pour "effacer" les erreurs orthographiques !
J'ai compris combien ma présence
avait été importante. Le brouillon était
illisible… mais A.M.F. en relisant ses idées et en verbalisant
à haute voix pouvait réajuster sa construction
syntaxique qui devenait tout à fait compréhensible et
correcte. Une condition: je ralentissais mon temps d'écriture
(la candidate était à ma droite et pouvait lire ce que
j'écrivais) pour l'ajuster à son temps de reformulation
verbale. A.M.F. étant très nerveuse pendant ce 1/3
temps (elle avait déjà travaillé 4 h) j'ai du la
détendre quelquefois par des paroles apaisantes.
Je me suis rendu compte que le
"secrétaire assistant" pour dyslexique ne pouvait pas
s'improviser… et pour les futures personnes concernées cela
demande tout de même une formation minimum, en tout cas une
connaissance suffisante de la problématique dyslexique. Je
pense par exemple, que les étudiants en langues, linguistique,
neuropsychologie, les futurs professeurs d'Ecole pourraient
être très intéressés par cette
expérience.
Un exemple spécifique : pendant
tout le déroulement de son épreuve A.M.F. a confondu
auteur et lecteur. La première fois, je lui en ai fait la
remarque… mais les confusions ensuite ont continué. Je
rectifiais moi-même l'erreur sans lui en parler
considérant qu'il s'agissait là d'un de ses troubles
spécifiques, il était inutile de la perturber à
ce niveau… et donc perdre temps et énergie.
Voilà ! il suffit de donner un
peu de son temps et un peu de son énergie pour aider nos
dyslexiques à un "moment-clé" où ils en ont bien
besoin. Souhaitons que des aménagements comme ceux-ci se
mettent de plus en plus en place !
Claude-Pierre DEROSSI
Orthophoniste (Grenoble).
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